Arthur Lipsett est l’un des rares cinéastes — avec Alanis Obomsawin, Kathleen Shannon, Norman McLaren et Willie Dunn — à figurer au panthéon éternel des artistes de l’ONF. Ce réalisateur, parmi les plus énigmatiques et les plus célèbres de l’histoire de l’Office, est né à Montréal le 13 mai 1936 et est décédé dans la même ville cinquante ans plus tard. On lui doit l’animation, la photographie, la prise de son et le mixage, la scénarisation, la production, la réalisation ou le montage d’un total de 26 titres de l’ONF.
Arthur Lipsett a réalisé 13 films, tous accessibles gratuitement sur le site onf.ca. Son œuvre se divise en deux catégories : le film-collage composé de chutes de pellicule trouvée, et le cinéma de recherche universitaire.
Le premier groupe comprend Hors-d’œuvre (1960), Very Nice, Very Nice (1961), 21-87 (1963), Free Fall (1964), A Trip Down Memory Lane (1965), Fluxes (1968) et N-Zone (1970). Ces films ont valu à Lipsett une reconnaissance mondiale. Ainsi, Very Nice, Very Nice a-t-il été sélectionné aux Oscars dans la catégorie du meilleur court métrage en prise de vue réelle , et salué par des géants du cinéma comme Stanley Kubrick et George Lucas. On pourrait sans doute considérer les premières œuvres d’Arthur Lipsett comme les précurseures d’une nouvelle vague de compilations, de métrages trouvés et de films d’archives qui a vu le jour au cours de la même décennie (par exemple, le film Now de Santiago Alvarez, en 1965, et L.B.J., du même réalisateur, en 1967). Ces films ont à leur tour donné naissance à un sous-genre fictionnel populaire, dont témoignent des œuvres cultes telles Cannibal Holocaust (1980) et Le projet Blair Witch (1999).
Le deuxième groupe de films d’Arthur Lipsett se compose de Fear and Horror, Animal Altruism, The Puzzle of Pain, Animals and Psychology et Perceptual Learning, tous sortis en 1965. Ces cinq films font partie d’une série intitulée Psychology Topics for Discussion Groups (Sujets de psychologie pour des discussions de groupe). Il s’agit d’analyses savantes de la manière dont les émotions et les comportements se manifestent et diffèrent chez divers animaux.
The Experimental Film (1962) est le seul film d’Arthur Lipsett qui n’entre dans aucune de ces deux catégories. Sous forme de panel de discussion, cette œuvre réunit des critiques de renommée mondiale, dont les opinions sur le cinéma expérimental se juxtaposent à des extraits de films, entre autres de Jan Lenica, de Norman McLaren et d’Arthur Lipsett lui-même.
Aujourd’hui encore, le travail et le processus créatif d’Arthur Lipsett — son approche instinctive et sa technique frappante de montage sous forme de flux de conscience — demeurent entourés de mystère. Ses films canoniques continuent d’inspirer des artistes du monde entier. Le cinéaste a fait l’objet de documentaires récents, comme Les journaux de Lipsett (2010) de Theodore Ushev et The Arthur Lipsett Project: A Dot on the Histomap (2007) d’Eric Gaucher .