Werner Nold arrive au Québec de sa Suisse natale en 1955 et travaille tour à tour comme photographe, caméraman, réalisateur et même à l’occasion projectionniste. En 1961, il entre à l’ONF et monte le premier film de Gilles Carle Dimanche d’Amérique (1961), un portrait de la communauté italienne de Montréal. Aux côtés de Pierre Perrault et de Michel Brault, il participe étroitement au film qui marquera l’histoire du documentaire à l’ONF, Pour la suite du monde (1963), fresque éblouissante sur les habitants de l’île aux Coudres, qu’il construira comme une fiction. Il monte ensuite les tout premiers films de Denys Arcand Champlain en 1964 et La route de l’Ouest en 1965. Cette même année, c’est La vie heureuse de Léopold Z., premier long métrage de fiction de Gilles Carle, avec qui il collaborera encore de nombreuses fois. Auprès de Jacques Godbout, il assure le montage de films marquants comme IXE-13 (1972), Derrière l’image (1978), Distorsions (1981), ou encore En dernier recours (1987).
En 1977, il relève un grand défi : monter en 5 mois quelque 200 heures de tournage pour le film Jeux de la XXIe olympiade. Il y parvient avec grand succès, mettant joliment en exergue l’histoire de quelques athlètes extraordinaires, dont Nadia Comaneci. Autre défi, en 1980 : monter Gui Daò – Sur la voie de Georges Dufaux, une découverte de la Chine à travers le regard d’employés des chemins de fer. Sa subtilité et son intuition lui permettront de surmonter sa méconnaissance de la langue et de livrer trois œuvres saisissantes.
Amoureux du cinéma sous toutes ses facettes, Werner Nold touchera également à la réalisation (Cinéma, cinéma (1985) coréalisé avec Gilles Carle, primé au Festival de Cannes en 1989), à la création sonore, et s’intéressera au cinéma d’animation. Mais c’est dans la salle de montage qu’il s’épanouit réellement, avouant lui-même préférer « être un grand soliste plutôt qu’un petit chef d’orchestre ». Il a été le premier président des Rendez-vous du cinéma québécois de 1985 à 1987, et enseigne depuis 1992 dans diverses institutions. En 1985, Werner Nold a été décoré de l’Ordre du Canada, de l’ordre national du Québec en plus de recevoir le prestigieux Prix Albert-Tessier en 2010.