Le nord de l’Ontario a été développé par les bûcherons et mineurs canadiens français au tournant du XXe siècle. Michelle Trottier, militante franco-ontarienne, nous parle de leurs espoirs et de leurs luttes pour faire respecter leurs droits. Un travailleur du bois chante et dénonce son exploitation. Le violoneux Olivas Gagnon fait giguer ses voisins.
Louis Boudreault, menuisier de Chicoutimi, incarne le violoneux type du Québec. Il raconte comment il a appris son métier et comment il a été initié à la musique par son père Idas. Détenteur du répertoire de danse du Lac Saint-Jean par son grand-oncle Thomas Vaillancourt il explique qu’un bon violoneux se formait au contact des danseurs.
Mme Georgiana Audet, violoneuse et mère de famille s’est donné pour mission de sauver les danses de quadrille de l’Île. Elle raconte comment, malgré les conditions de vie difficiles et les interdictions du clergé, son père leur a transmis un répertoire précieux de chansons et de quadrilles qu’elle partage aujourd’hui aux veillées du Château Bélair.
Antonio Bazinet, cultivateur, chanteur et violoneux témoigne de la vie dure des habitants sur leur terre de roches des Laurentides et dans les camps de bûcherons. Les chansons et les airs de violon préservaient une joie de vivre à l’époque comme la chanson Envoyez de l’avant nos gens composée par des forestiers locaux sur un motif ancien.
Dans le comté de Portneuf on a adopté et adapté les airs de violon et le tambour des communautés irlandaises. André Alain, violoneux et cantonnier, Jean-Claude Petit, joueur d’accordéon et menuisier et Arthur Tremblay, chauffeur d’autobus, joueur d’harmonica, de tambour à mailloche et gigueur, nous font découvrir leur musique entraînante.
M, William Tremblay, violoneux originaire de la Gaspésie, nous parle de ses conditions de vie. Ni mendiant, ni itinérant, le quêteux au Québec avait autrefois une fonction sociale. Personnage respecté il apportait les nouvelles, racontait des contes, des histoires, pouvait jeter des sorts et souvent il était bon musicien. En échange, il était accueilli, hébergé et nourri.
M. Florent Lemay, chanteur doué et jardinier du seigneur à Lotbinière, retrace comment naissait les chansons à l’époque. Le voisin, Joseph Auger, cultivateur, était porteur de cette ancienne coutume qui consistait à composer des chansons à partir de faits et événements qui s’étaient produits dans la paroisse. Il a hérité de ses compositions.
En avril au temps des sucres, les cultivateurs, descendants des Patriotes de 1837 de Saint-Denis-sur-Richelieu, se rencontrent dans leurs cabanes à sucre pour célébrer, selon la coutume, le printemps en chansons. Josaphat Richer, André Richer et sa famille après la dernière tournée aux érables reçoivent les familles de chanteurs de la région.
Au Québec « ruine-babines » désigne le nom populaire donné à l’harmonica. C’est aussi le nom d’un groupe de jeunes musiciens de la région de Montréal. Gilles Garand, Louise De Grosbois et leurs amis ont décidé de retrouver leurs racines musicales en retournant aux sources. Chacun témoigne de sa découverte de notre musique traditionnelle.
Le nord de l’Ontario a été développé par les bûcherons et mineurs canadiens français au tournant du XXe siècle. Michelle Trottier, militante franco-ontarienne, nous parle de leurs espoirs et de leurs luttes pour faire respecter leurs droits. Un travailleur du bois chante et dénonce son exploitation. Le violoneux Olivas Gagnon fait giguer ses voisins.
C’est le nom qu’on donnait aux quartiers canadiens français installés autour des usines de filature en Nouvelle-Angleterre. L’historien Richard Santerre et la famille de Rita Paquin nous racontent leurs conditions de vie et comment les veillées de chansons ont préservé un certain héritage du Québec jusqu’à aujourd’hui.
Rosie Pratte, sacristine au presbytère, le violoneux Charles Pagé et les dernières familles parlant français de la Vieille Mine témoignent de comment était la vie autrefois. Ils sont descendants des voyageurs-traiteurs canayens venus s’installer au début du XVIIIe siècle dans les monts Aux-Arcs (Ozark). Une mémoire fragile qui résiste...
Rencontre avec les pêcheurs sur glace métis de Saint-Ambroise au Lac Manitoba. Le samedi soir on est convié à une danse callée par le chef de pêche Louis Lamirande. Antoine Lussier, historien métis, nous raconte la vie de sa communauté alors que Paul Lavallée, un ancien pêcheur, chante les exploits de Louis Riel et des Métis.
Au tout début les Acadiens vivaient paisiblement avec leur système ingénieux de digues (les aboiteaux), hérité du Poitou, qui leur permettait d’exploiter des terres prises sur la mer sans enlever quoique ce soit à leurs alliés Micmacs. Charlotte Cormier, ethnologue, nous décrit leur vie et Majorique Duguay, bûcheron de Lamèque, l’exprime en chansons.
La folkloriste Charlotte Cormier raconte comment les Acadiens, dépossédés de tout après la Déportation, ont maintenu leur cohésion sociale et leur culture grâce à leurs traditions orales dont le chant. La bataille n’est toujours pas gagnée et plusieurs Acadiens se questionnent sur l’avenir de leur peuple. On évite de prononcer les paroles de malheur…
Trois générations de violoneux acadiens de la Baie Sainte-Marie nous livrent leur expérience et leur amour de la musique. Le jeu de violon est passé du grand-père Alfred, bûcheron, au père Dennis, calfateur, au fils, pêcheur et musicien professionnel. Un héritage exemplaire dans une des plus anciennes communautés acadiennes.
Développé dès 1780 par des réfugiés acadiens, Chéticamp est la collectivité acadienne la plus importante du Cap Breton (anciennement l’île Royale). Son histoire nous est livrée par le célèbre éducateur et militant acadien Alexandre Boudreau parallèlement au récit de la tradition orale du pêcheur Tom Chiasson. On s’interroge sur l’avenir des Acadiens.
La population francophone de Port-au-Port est composée d’exilés acadiens, de pêcheurs de Saint-Pierre-et-Miquelon et de déserteurs bretons et français. Leurs descendants ont conservé un esprit de liberté qui s’entend dans leur musique. « Ça vient du tchoeur » nous dit le grand violoneux de Terre-Neuve, Émile Benoît. Un témoignage poignant !
Revon Reed, animateur et écrivain, nous rappelle que les Acadiens dépossédés de leurs terres en Acadie rêvaient de posséder une terre à eux en Louisiane. C’est devenu un trait de culture. Les violoneux Aedius Naquin et Dennis McGhee nous font découvrir la vie des musiciens cadiens et leur manière unique de chanter en jouant coutume héritée des troubadours du Moyen-Âge.
Descendants d’esclaves venus de Saint-Domingue (Haïti), les Créoles étaient la cible de préjugés dans la société américaine du Sud : trop noirs pour les uns, trop français pour les autres. Ils ont développé une musique bien à eux, le style Zarico. Delton Broussard et Calvin Carrière nous en donnent une idée. Inez Catalon, chanteuse, raconte et chante sa vie à Kaplan.
Zachary Richard, vedette internationale, nous fait part de son parcours de musicien. Il nous explique comment l’idéologie du « melting pot » américain a tenté de faire disparaître la culture des Cadiens aux USA. Après des années de honte les jeunes musiciens reprennent le flambeau tel le groupe Coteau de Michael Doucet. Zachary fait entendre son chant de résistance Réveille !
La commune de Gençay, dans le Haut-Poitou, nous invite à une veillée de musique au Dognon. La chanteuse Huguette Compagnon témoigne des préjugés face au parler poitevin. Michel Valière, ethnologue, parle de son travail de terrain et nous explique l’urgence de préserver la diversité des cultures en France et à travers le monde.
Jany Rouger, éducateur et musicien nous fait découvrir des musiciens traditionnels exceptionnels du Bas-Poitou : Paul Micheneau, violoneux et vannier, Maximin Rambaud, violoneux de quadrille qui commande les figures de danses à l’ancienne, l’ancêtre de notre câlleur. Rouger nous explique pourquoi il est impératif de continuer la tradition.
Voyage en Haute-Bretagne d’où viennent plusieurs de nos ancêtres qui ont apporté avec eux un bagage de chansons encore chantées en Gaspésie. Philippe Durand et Yann Plunier nous introduisent à l’histoire et la culture des Bretons. Jeannette Maquignon et ses amis chanteurs nous font entendre chants de labeur, chansons à danser et complaintes.
Les Bretons sont de culture celtique et la France leur a interdit leur langue et leur culture. Exemple éloquent pour comprendre, à l’inverse, l’assimilation de certaines collectivités francophones d’Amérique. Philippe Durand démonte la mécanique du colonialisme et Emmanuel Kerjean et Lomig Denniou lui répondent par leurs chants et contre-chants (Kan ha diskan).
Le violoneux Junior Crehan de Clare nous confie qu’après le travail dans les champs et le soin aux bêtes parfois il reste un peu de temps pour faire de la musique. James Gleeson, cultivateur, le poète Liam O’Muirthlie et les musiciens et danseurs du Gleeson’s Pub nous dévoilent ce que nous avons en commun avec l’Irlande : la musique et la quête de liberté.
La culture des francophones d’Amérique repose en bonne partie sur la musique, les chansons et les danses folkloriques qui se sont transmises de génération en génération. La vitalité de ces traditions n’est pas étrangère à leur statut de minorités : c’est en s’attachant à leur folklore que les communautés francophones ont pu conserver leur identité et lutter contre l’assimilation. Très liée au quotidien, au travail et aux évènements, c’est dans leur musique plus que dans les livres d’histoire, qu’on peut suivre l’évolution des groupes français sur le nouveau continent. Ces films poursuivent un objectif, partagé par plusieurs cinéastes québécois, qui consiste à revaloriser un peuple à qui on avait enlevé le droit de parole et le droit de « mémoire ». En effet le cinéma direct en donnant la parole à des gens qui normalement sont exclus des tribunes publiques, a développé un discours original faisant la contrepartie aux définitions officielles des politiciens, des historiens, des universitaires, bref de tous ceux qui monopolisent quotidiennement nos canaux d’expression collectifs. Dans ce sens cette série ne cherche pas à perpétuer le mythe de l’Amérique française disparu au milieu du XVIIIième siècle, et entretenu par les historiens américains, canadiens-anglais et français. Elle veut montrer et faire sentir par la musique, l’histoire et la présence des quatre peuples francophones d’Amérique : les Québécois, les Acadiens, les Métis et les Créoles. Le « son » des Français d’Amérique tire son originalité d’influences françaises et celtiques. C’est pour mieux comprendre ses racines que cinq films ont été tournés en Vendée, au Poitou, en Haute et Basse Bretagne ainsi qu’en Irlande. Les 27 films de cette série ont valeur d’archives mais ils sont aussi un témoignage d’une Amérique qui ne serait pas la même sans nous. Les auteurs, André Gladu et Michel Brault, voulaient montrer, à l’aide de nos traditions musicales, comment nous avons contribué à fabriquer l’Amérique qu’on connaît aujourd’hui.