Reporter, scénariste, réalisateur, producteur et responsable de la production française, Fernand Dansereau exercera à l’ONF à peu près tous les métiers du cinéma. Entre 1955 et 1969, il réalisera et produira pas moins de 80 films! Mais ce qui est encore plus remarquable, c’est qu’au cours de cette carrière prolifique il fera figure de pionnier à plusieurs reprises.
Dès son arrivée, en 1955, il collabore, à titre de reporter, au film Les Canadiens français dans l’Ouest. Plus près du reportage que du documentaire, ce film fait partie de l’une des toutes premières séries de l’ONF tournées pour la télévision de Radio-Canada.
À la fin des années 1950, Fernand Dansereau est fortement engagé dans la création d’une nouvelle série pour la télévision, Panoramique, qui change complètement la production de films pour le petit écran. Alors que les séries précédentes mêlent documentaires et courts métrages de fiction de moins d’une heure et n’ont pas de ligne directrice claire, Panoramique présente des fictions de plusieurs épisodes de 30 minutes et propose une réflexion sur quelques aspects de l’histoire sociale du Québec. De plus, c’est la première fois qu’une série est entièrement créée par l’équipe française et réalisée spécifiquement pour les téléspectateurs francophones du Québec. Dans le cadre de cette série, Fernand Dansereau scénarise, notamment, Les mains nettes, un film en quatre épisodes sur le monde des employés de bureau et réalise Pays neuf, l’histoire d’un Canadien français bien décidé à faire fortune dans l’exploitation minière.
Au tournant des années 1960, Fernand Dansereau devient producteur. C’est autour de lui que se consolide l’équipe française qui révolutionnera la façon de faire du documentaire en contribuant à l’avènement et à l’épanouissement du cinéma direct. En 1962, il devient responsable de la production française et par le fait même premier producteur francophone ayant pour mandat d’approuver seul les scénarios et les montages des films en français. Durant cette période, Fernand Dansereau est le producteur de cinéastes chevronnés et de films qui marqueront la cinématographie d’ici. Il produit, notamment, Golden Gloves de Gilles Groulx, À Saint-Henri le cinq septembre, une œuvre collective de l’équipe française, Champlain de Denys Arcand et Pour la suite du monde de Pierre Perrault et Michel Brault.
En 1965, après des années fastes comme producteur, Fernand Dansereau réalise Le festin des morts, un film évoquant les relations entre prêtres jésuites et Amérindiens hurons dans la Nouvelle-France de 1638. De facture classique, cette production n’en constitue pas moins un des premiers longs métrages de fiction tournés en français à l’ONF. Mentionnons aussi, au passage, le très beau Ça n’est pas le temps des romans, un court métrage de fiction, écrit et réalisé par Dansereau, sur le quotidien d’une femme dans la mi-trentaine. Le milieu des années 1960 est aussi marqué par l’avènement d’un cinéma qui se veut porteur de changements sociaux. Là encore, Fernand Dansereau fait office de pionnier en créant le Groupe de recherches sociales. Les préoccupations du Groupe rejoindront celles du programme Société nouvelle, créé quelques années plus tard. Saint-Jérôme est l’exemple type du film d’action sociale tourné à cette époque.
En 1969, Fernand Dansereau quitte l’ONF afin de poursuivre une carrière de cinéaste et de scénariste dans le privé. Il y reviendra au début des années 2000, le temps de deux longs métrages documentaires: Quelques raisons d’espérer, un film fascinant sur la vie et l’œuvre de l’écologiste Pierre Dansereau, et Les porteurs d'espoir, sur les élèves d'une classe de 6e année, qui poursuivent un projet d'embellissement d'un parc situé à proximité de leur école.
Marc St-Pierre a étudié le cinéma, le théâtre et la philosophie. Il est conservateur de collection à l’Office national du film du Canada depuis 2004. Spécialiste de la collection française, il contribue à la programmation de films sur le site ONF.ca. Il y publie régulièrement des textes sur l’histoire de l’institution, ses films et ses artisans et propose des sélections de films aux internautes.
Ce long métrage documentaire démontre que l'avenir du monde se joue peut-être dans une école primaire du Québec. Alors qu'un enseignant met à l'épreuve une nouvelle méthode pédagogique (Recherche-Action), qui vise à préparer les enfants à relever les défis environnementaux, des élèves d’une classe de 6e année apprennent à cerner, analyser et régler un problème se posant dans leur milieu. En nous rendant témoin de leur démarche, le réalisateur Fernand Dansereau nous rappelle que c'est encore dans l'humain qu'il faut chercher des raisons d'espérer.
À ce jour, il s’agit du dernier documentaire réalisé par Fernand Dansereau. Alors que la grande majorité des films sur l’environnement opte pour un point de vue alarmiste, voire catastrophiste, celui-ci esquisse le portrait et retrace le parcours d’un éternel optimiste, d’un homme de cœur et de convictions, l’écologiste Pierre Dansereau, qui nous donne la force de croire que nous avons encore quelques raisons d’espérer un monde meilleur.
Ce film est une occasion pour Fernand Dansereau de développer une nouvelle technique de montage. Pour bien le comprendre, il faut se référer à une anecdote autour de la sortie, en 1962, du court métrage À Saint-Henri le cinq septembre. En effet, la mise en circulation de ce film provoque des réactions négatives de la part des participants. Certains se sentent dévalorisés par le regard extérieur posé par les cinéastes, alors que d’autres avouent avoir ressenti de la honte en voyant le film. Fernand Dansereau, producteur du film, reste troublé par la gravité de ces révélations. En décembre 1966, on lui propose un sujet semblable, Saint-Jérôme. Afin d’éviter que l’histoire se répète, il décide de changer la façon habituelle de monter un film et accorde à tous les participants (sauf les hommes politiques) un droit de censure final aux matériels tournés. En fait, chacun des participants a eu la chance de couper dans son propre témoignage tout ce qui ne lui plaisait pas.
Ce court métrage écrit et réalisé par Fernand Dansereau remporte, en 1968, le prix du meilleur film aux 13e Journées internationales des films de court métrage de Tours en France. Cette récompense vient mettre un peu de baume sur des années difficiles pour le réalisateur. Une atmosphère d’hostilité et un accueil mitigé avaient entouré la sortie de son film précédent, Le festin des morts, qu’on accusait de perpétuer le mythe de l’indien sauvage et sanguinaire.
Un des premiers longs métrages de fiction tournés en français à l’ONF. C’est aussi la première coproduction avec Radio-Canada. Dès sa sortie, le film crée une certaine controverse. On l’accuse de perpétuer le mythe de l’indien sauvage et sanguinaire. Dans un texte rédigé en mai 1965 et envoyé aux journaux Le Devoir et Le Soleil, Fernand Dansereau explique que ce mythe fait partie de l’imaginaire de la majorité blanche, qu’il nous a été inculqué à l’école dès la petite enfance. Il poursuit en expliquant que c’est cette mythologie qu’il a voulu traduire en images. Il a donc fait appel à l’imaginaire, à la mythologie, et non à l’exactitude historique, afin de guider ses choix de distribution, de costume et de décor. Le film est présenté à l’antenne de Radio-Canada le 30 mai 1965 dans une version de 96 minutes. Jugé trop long, le film est ramené à 79 minutes.
Champlain est le premier film de Denys Arcand à l’ONF et c’est Fernand Dansereau qui en est le producteur. Il fait partie de la série Artisans de notre histoire - Explorations, une série présentée à la télévision de Radio-Canada retraçant l’histoire des grands explorateurs qui ont contribué à la découverte du Canada. Le film est présenté dans sa version originale de 30 minutes à la télévision alors qu’une de 15 minutes, intitulée Québec 1603 (Samuel de Champlain), est distribuée dans les écoles. Cette version est également disponible sur le site.
Après avoir écrit Au pays de Neufve-France, une série en treize épisodes sur les us et coutumes des habitants des rives du Saint-Laurent, Pierre Perrault propose à l’ONF un projet de long métrage documentaire sur l’Île-aux-Coudres. Il suggère d’écrire un scénario qui serait interprété par des comédiens professionnels. Fernand Dansereau prend connaissance du projet et sent bien, dans une période où une nouvelle forme de cinéma documentaire est en pleine explosion, que le projet, présenté sous cette forme, a peu de chance de réussir. Il décide donc de mettre Perrault en contact avec Michel Brault, cinéaste aguerri à cette nouvelle façon de faire. L’initiative de Dansereau permettra la création de l’un des films les plus importants de l’équipe française, une œuvre accomplie, un documentaire marquant.
Produit par Fernand Dansereau, ce court métrage documentaire constitue sans doute l’une des œuvres les plus connues de l’ONF. Elle fait partie de ces courts métrages, produits entre 1958 et 1960, où les artisans de l’équipe française ont expérimenté les techniques et les méthodes du cinéma direct. Bien que le générique mentionne Hubert Aquin comme réalisateur, le film est en fait une œuvre collective à laquelle ont participé certains des membres les plus illustres de cette équipe, soit Claude Jutra, Michel Brault, Gilles Groulx, Claude Fournier, Jacques Godbout, Bernard Gosselin et Georges Dufaux.
Ce court métrage de fiction raconte la journée heureuse d'une petite citadine qui découvre la campagne, à dix ans. Elle écoute, regarde, s'émerveille et, au retour, elle s'attire les confidences de son père. Réalisé par Fernand Dansereau, le film est tiré d'un conte d'Anne Hébert. Bien que datant de 1959, la poésie du langage de même que la qualité du jeu des interprètes en font, encore aujourd'hui, un document d'une grande valeur.
Réalisée par Fernand Dansereau et scénarisée par Réginald Boisvert, un auteur qui avait déjà beaucoup écrit pour la radio et la télévision à l’époque, Pays neuf est la plus courte des dramatiques (2 épisodes) de la série Panoramique. Fidèle à l’idée de la série, qui propose une réflexion sur quelques aspects de l’histoire sociale du Québec, cette dramatique veut montrer l’esprit de pionnier qui anime les Canadiens français. Contrairement aux autres films de la série, qui optait pour un style très réaliste et adoptait un ton dramatique, Pays neuf est tourné comme une fable comique. Dans un mémo au producteur Guy Glover datant du 3 février 1958, Fernand Dansereau explique qu’une approche réaliste et dramatique du sujet aurait fait ressortir le caractère irrévérencieux de certaines scènes et ainsi exposer le film à la censure! La version de deux épisodes n’est malheureusement pas disponible. Celle de 45 minutes présentée ici est issue d’un remontage destiné à des fins de distribution commerciale.
Écrite par Fernand Dansereau et réalisée par Claude Jutra, cette dramatique de quatre épisodes d’une demi-heure est présentée à la télévision de Radio-Canada à partir du 22 mars 1958 dans le cadre de la série Panoramique. Avec cette série, c’est la première fois que les cinéastes de l’équipe française ne sont pas limités à des sujets de moins d’une heure. Ce changement de cap prépare le terrain pour la production de longs métrages de fiction. Il faudra tout de même attendre six ans avant de voir apparaître les premières longues fictions en français. La version de quatre épisodes du film n’est malheureusement pas disponible. Celle de 73 minutes présentée ici est issue d’un remontage destiné à des fins de distribution commerciale.
Le monde rural doit s'adapter aux exigences de l'évolution qui caractérise l'ensemble de notre société. Réforme des méthodes de culture, réorganisation des marchés, orientation des jeunes, tels sont quelques-uns de ces problèmes. Vécus par une famille, ils prennent ici tout leur sens et leur véritable dimension humaine.
À peine arrivé à l’ONF, Fernand Dansereau est envoyé dans l’ouest du pays afin de collaborer à un reportage sur les Canadiens français installés en Alberta et au Manitoba. Il est déçu de l’expérience et songe à quitter le cinéma pour retourner au journalisme. On lui propose alors l’écriture d’un court métrage de fiction, Alfred J. Il décide de rester et ne quittera jamais plus le 7e art. Ce reportage est présenté à l’antenne de Radio-Canada dans le cadre de la série Passe-partout en 1955. Il s’agit de la première apparition à l’écran de Fernand Dansereau.