L’ONF s’engage à respecter votre vie privée

Nous utilisons des témoins de navigation afin d’assurer le bon fonctionnement du site, ainsi qu’à des fins publicitaires.

Si vous ne souhaitez pas que vos informations soient utilisées de cette manière, vous pouvez modifier les paramètres de votre navigateur avant de poursuivre votre visite.

En savoir plus
PASSER Accessibilité

Opération de maintenance
Nos services en ligne seront affectés ou interrompus pendant quelques heures le mardi 22 avril entre 9h00 et 14h00 (HE).

Sur les traces de Jean-Claude Labrecque

Une sélection de Marc St-Pierre
15 films

Réalisateur, directeur de la photographie, caméraman et scénariste, Jean-Claude Labrecque a signé une quarantaine de documentaires et de fictions et son nom figure au générique de près d’une centaine de films! Né à Québec en 1938, Jean-Claude Labrecque travaille d’abord comme photographe de mariages puis apprend les rudiments de la caméra à l’Office du film du Québec (OFQ). Passionné de cinéma, il est un client assidu du bureau de distribution de l’ONF à Québec, où il emprunte chaque semaine un projecteur et des dizaines de bobines de films. C’est pourtant un film vu à la télévision, Jour de juin (1958), sur la parade de la Saint-Jean Baptiste, tourné par une équipe de l’ONF, qui le convainc d’aller travailler là-bas. Habitué à l’OFQ à tourner des parades avec une caméra sur trépied, il découvre la magie d’une caméra mobile, participante, libérée de ses ancrages, promesse de nouvelles possibilités pour le jeune cinéaste en devenir. En 1959, il entre à l’ONF comme assistant caméraman. Il travaille sur quelques films, mais l’expérience n’est pas concluante et son contrat n’est pas renouvelé. La direction juge qu’il n’est pas doué pour ce travail et l’oriente vers les assurances! Il se tourne alors vers le secteur privé. C’est Claude Jutra qui lui donne sa véritable chance comme caméraman en l’engageant sur À tout prendre (1963). Fort de cette expérience, Jean-Claude Labrecque revient à l’ONF en 1963, à la demande du producteur Fernand Dansereau, mais cette fois comme caméraman. Pendant deux ans, il enchaîne les tournages à un rythme effréné. Il tourne notamment avec Arthur Lamothe (De Montréal à Manicouagan, 1963), Terence Macartney-Filgate (The Hundredth Summer, 1964), Gilles Groulx (Le chat dans le sac, 1964) et Gilles Carle (La vie heureuse de Léopold Z, 1965). Douce revanche pour celui à qui on avait dit qu’il n’avait pas d’avenir dans le métier! Il participe également à un documentaire sur Antonioni à la Cinecittà à Rome, Antonioni, documents et témoignages (1966) de Gianfranco Mingozzi. Ce tournage en Europe est formateur et inspirant pour lui. Pendant une semaine, il assiste à la création de Juliette aux esprits (1965) de Federico Fellini, qui tourne tout juste à côté. Il se rend ensuite en France sur le tournage de Bande à part (1964) de Jean-Luc Godard, où il observe le travail d’éclairage du directeur de la photographie, Raoul Coutard. En 1965, il réalise son premier film, 60 cycles, un reportage sur le Tour cycliste du St-Laurent. Un court métrage rempli de trouvailles visuelles spectaculaires qui lui vaudront plusieurs prix ici et à l’étranger. C’est le début d’une carrière de cinéaste, où pendant une cinquantaine d’années il alternera entre le documentaire et la fiction. Ses films sauront capter des moments forts de l’histoire du Québec, tels que La visite du général de Gaulle au Québec (1967), dans lequel le général lance son célèbre « Vive le Québec libre! », La nuit de la poésie (1970), coréalisés avec Jean-Pierre Masse, Jeux de la XXI olympiade (1977), le film officiel des jeux de Montréal, où il présente les athlètes olympiques à hauteur d’hommes, L’histoire des trois (1990), où il fait revivre le voyage à Québec de trois étudiants dans les années 1950, partis convaincre le premier ministre Duplessis de l’importance d’une plus grande accessibilité à l’université, et L’aventure des compagnons de Saint Laurent (1997), sur cette célèbre compagnie de théâtre qui, dans les années 1950, jette les bases du théâtre québécois. Mentionnons également Sur les traces de Maria Chapdelaine (2015), son dernier film, dans lequel il revient sur le tournage du réalisateur français Julien Duvivier, venu tourner une adaptation du célèbre roman de Louis Hémon dans la région du Saguenay ̶ Lac-Saint-Jean en 1934. Ses films dénoncent aussi les injustices sociales, comme Les smattes (1972), son premier film de fiction, qui relate la fermeture d’un village en Gaspésie, On s’pratique… c’est pour les Olympiques (1976), qui met en lumière le manque cruel de financement des athlètes olympiques canadiens ou L’affaire Coffin (1979), qui raconte l’histoire d’une erreur judiciaire. Sa production compte également des portraits intimistes qui nous font découvrir de grands artistes parfois oubliés. On pense à Claude Gauvreau – poète (1974), sur ce formidable poète membre des Automatistes et signataire du Refus global, Marie Uguay (1982), sur cette poétesse de grand talent emportée par le cancer à 26 ans et André Mathieu, musicien (1993), sur ce compositeur de génie dont la musique fut, pendant de longues années, complètement oubliée. D’autres portraits nous font voir des personnages connus différemment. Mentionnons Le frère André (1987), un long métrage de fiction sur le fondateur de l’oratoire Saint-Joseph, 67 bis, boulevard Lannes (1990), qui témoigne de la rencontre entre Claude Léveillé et Édith Piaf en 1959 à Paris et À hauteur d’homme (2003), qui suit la campagne électorale du chef du parti québécois, Bernard Landry. Parallèlement à sa carrière de réalisateur, Jean-Claude Labrecque poursuit son travail de directeur de la photographie et de caméraman pour ses collègues cinéastes à l’ONF, comme Pierre Perrault (Le règne du jour, 1967), Don Owen (The Ernie Game, 1967), Bernard Gosselin (La veillée des veillées, 1976) ou Alanis Obomsawin (Kanehsatake – 270 ans de résistance, 1993). Il collabore aussi à des projets dans le privé avec d’autres réalisateurs, tels que Michel Brault (Entre la mer et l’eau douce, 1967) ou Gilles Carle (Les corps célestes, 1973). Technicien audacieux et inventif, cinéaste toujours à l’affût des événements et des personnages qui jalonnent notre histoire, scénariste préoccupé par les injustices sociales, Jean-Claude Labrecque est sans contredit une figure marquante du cinéma québécois. Récipiendaire du prix Jutra-Hommage 2008, il s'est éteint en mai 2019 après plus de 50 ans de carrière.

Réalisateur, directeur de la photographie, caméraman et scénariste, Jean-Claude Labrecque a signé une quarantaine de documentaires et de fictions et son nom figure au générique de près d’une centaine de films!

Né à Québec en 1938, Jean-Claude Labrecque travaille d’abord comme photographe de mariages puis apprend les rudiments de la caméra à l’Office du film du Québec (OFQ). Passionné de cinéma, il est un client assidu du bureau de distribution de l’ONF à Québec, où il emprunte chaque semaine un projecteur et des dizaines de bobines de films. C’est pourtant un film vu à la télévision, Jour de juin (1958), sur la parade de la Saint-Jean Baptiste, tourné par une équipe de l’ONF, qui le convainc d’aller travailler là-bas. Habitué à l’OFQ à tourner des parades avec une caméra sur trépied, il découvre la magie d’une caméra mobile, participante, libérée de ses ancrages, promesse de nouvelles possibilités pour le jeune cinéaste en devenir.

En 1959, il entre à l’ONF comme assistant caméraman. Il travaille sur quelques films, mais l’expérience n’est pas concluante et son contrat n’est pas renouvelé. La direction juge qu’il n’est pas doué pour ce travail et l’oriente vers les assurances! Il se tourne alors vers le secteur privé. C’est Claude Jutra qui lui donne sa véritable chance comme caméraman en l’engageant sur À tout prendre (1963). Fort de cette expérience, Jean-Claude Labrecque revient à l’ONF en 1963, à la demande du producteur Fernand Dansereau, mais cette fois comme caméraman. Pendant deux ans, il enchaîne les tournages à un rythme effréné. Il tourne notamment avec Arthur Lamothe (De Montréal à Manicouagan, 1963), Terence Macartney-Filgate (The Hundredth Summer, 1964), Gilles Groulx (Le chat dans le sac, 1964) et Gilles Carle (La vie heureuse de Léopold Z, 1965). Douce revanche pour celui à qui on avait dit qu’il n’avait pas d’avenir dans le métier! Il participe également à un documentaire sur Antonioni à la Cinecittà à Rome, Antonioni, documents et témoignages (1966) de Gianfranco Mingozzi. Ce tournage en Europe est formateur et inspirant pour lui. Pendant une semaine, il assiste à la création de Juliette aux esprits (1965) de Federico Fellini, qui tourne tout juste à côté. Il se rend ensuite en France sur le tournage de Bande à part (1964) de Jean-Luc Godard, où il observe le travail d’éclairage du directeur de la photographie, Raoul Coutard.

En 1965, il réalise son premier film, 60 cycles, un reportage sur le Tour cycliste du St-Laurent. Un court métrage rempli de trouvailles visuelles spectaculaires qui lui vaudront plusieurs prix ici et à l’étranger. C’est le début d’une carrière de cinéaste, où pendant une cinquantaine d’années il alternera entre le documentaire et la fiction. Ses films sauront capter des moments forts de l’histoire du Québec, tels que La visite du général de Gaulle au Québec (1967), dans lequel le général lance son célèbre « Vive le Québec libre! », La nuit de la poésie (1970), coréalisés avec Jean-Pierre Masse, Jeux de la XXI olympiade (1977), le film officiel des jeux de Montréal, où il présente les athlètes olympiques à hauteur d’hommes, L’histoire des trois (1990), où il fait revivre le voyage à Québec de trois étudiants dans les années 1950, partis convaincre le premier ministre Duplessis de l’importance d’une plus grande accessibilité à l’université, et L’aventure des compagnons de Saint Laurent (1997), sur cette célèbre compagnie de théâtre qui, dans les années 1950, jette les bases du théâtre québécois. Mentionnons également Sur les traces de Maria Chapdelaine (2015), son dernier film, dans lequel il revient sur le tournage du réalisateur français Julien Duvivier, venu tourner une adaptation du célèbre roman de Louis Hémon dans la région du Saguenay ̶ Lac-Saint-Jean en 1934.

Ses films dénoncent aussi les injustices sociales, comme Les smattes (1972), son premier film de fiction, qui relate la fermeture d’un village en Gaspésie, On s’pratique… c’est pour les Olympiques (1976), qui met en lumière le manque cruel de financement des athlètes olympiques canadiens ou L’affaire Coffin (1979), qui raconte l’histoire d’une erreur judiciaire. Sa production compte également des portraits intimistes qui nous font découvrir de grands artistes parfois oubliés. On pense à Claude Gauvreau – poète (1974), sur ce formidable poète membre des Automatistes et signataire du Refus global, Marie Uguay (1982), sur cette poétesse de grand talent emportée par le cancer à 26 ans et André Mathieu, musicien (1993), sur ce compositeur de génie dont la musique fut, pendant de longues années, complètement oubliée. D’autres portraits nous font voir des personnages connus différemment. Mentionnons Le frère André (1987), un long métrage de fiction sur le fondateur de l’oratoire Saint-Joseph, 67 bis, boulevard Lannes (1990), qui témoigne de la rencontre entre Claude Léveillé et Édith Piaf en 1959 à Paris et À hauteur d’homme (2003), qui suit la campagne électorale du chef du parti québécois, Bernard Landry.

Parallèlement à sa carrière de réalisateur, Jean-Claude Labrecque poursuit son travail de directeur de la photographie et de caméraman pour ses collègues cinéastes à l’ONF, comme Pierre Perrault (Le règne du jour, 1967), Don Owen (The Ernie Game, 1967), Bernard Gosselin (La veillée des veillées, 1976) ou Alanis Obomsawin (Kanehsatake – 270 ans de résistance, 1993). Il collabore aussi à des projets dans le privé avec d’autres réalisateurs, tels que Michel Brault (Entre la mer et l’eau douce, 1967) ou Gilles Carle (Les corps célestes, 1973).

Technicien audacieux et inventif, cinéaste toujours à l’affût des événements et des personnages qui jalonnent notre histoire, scénariste préoccupé par les injustices sociales, Jean-Claude Labrecque est sans contredit une figure marquante du cinéma québécois. Récipiendaire du prix Jutra-Hommage 2008, il s'est éteint en mai 2019 après plus de 50 ans de carrière.

Marc St-Pierre a étudié le cinéma, le théâtre et la philosophie. Il est conservateur de collection à l’Office national du film du Canada depuis 2004. Spécialiste de la collection française, il contribue à la programmation de films sur le site ONF.ca. Il y publie régulièrement des textes sur l’histoire de l’institution, ses films et ses artisans et propose des sélections de films aux internautes.

Sélection